J’ai été enseignante pendant 25 ans au lycée et dans le supérieur. J’ai donc vécu au cœur du système scolaire avec ses réussites mais aussi ses impasses. En effet, j’ai observé des élèves parfaitement adaptés à l’organisation des cours, épanouis avec leurs camarades. La plupart étaient sans réelle difficulté même si les notes fluctuaient par moment. D’autres au contraire semblaient avoir des difficultés d’adaptation. Et enfin, certains avaient des difficultés scolaires, du stress, une phobie scolaire parfois.
Les difficultés scolaires
Cette expression désigne un élève en difficultés d’apprentissage dont les résultats scolaires sont souvent inférieurs à la moyenne, notamment dans les matières principales. On peut ajouter à cela un manque de concentration, une agitation en classe ou au contraire un comportement de repli.
Pourquoi parle-t-on d’échec ?
S’agit-il de l’échec de l’élève, des parents, des enseignants ? Il est bien difficile de répondre à ces questions car chaque cas est unique. Nous avons tous connu des enseignants formidables mais aussi des professeurs dont le souvenir reste gravé en négatif.
Dans ma pratique, j’accompagne ces élèves dont les parents sont démunis. En effet, ils ne savent plus comment agir. Faut-il faire preuve de compréhension, de fermeté, punir ? Leur propre histoire avec l’école est en arrière-plan. Est-ce un schéma répétitif ou au contraire une situation nouvelle qui génère de la colère, de la tristesse, des peurs ?
D’où peut venir l’échec scolaire ?
Ne pas avoir la moyenne en Mathématiques, Français, Histoire-Géographie et langues est associé à un échec scolaire. Pourtant, il peut être seulement passager. On constate que l’environnement a de l’influence sur l’élève, au plan familial mais aussi dans les relations interpersonnelles au sein de son établissement.
L’élève qui fait des efforts pour apprendre ses leçons en primaire et dont les notes sont mauvaises, se décourage. Il finit par se dire « à quoi bon passer des heures à réviser, je n’y arrive pas« . Certaines remarques blessantes renforcent le sentiment d’échec, de la part d’un parent, d’un enseignant ou des camarades.
La manière dont l’élève fait ses devoirs est souvent une cause. Qui n’a pas vécu la corvée des devoirs le soir et les disputes avec les parents. En effet, après une journée enfermé, l’enfant a besoin de se dépenser physiquement. La pandémie a augmenté cet isolement et provoqué des angoisses chez beaucoup d’enfants.
Une situation de harcèlement peut avoir un impact sur les résultats scolaires. L’élève qui a peur va mettre du temps à le révéler à ses parents par crainte des représailles. Les bons élèves au tempérament discret en sont souvent la cible. Et les réseaux sociaux augmentent ce phénomène.
La pression des notes dans les difficultés scolaires
Le classement des élèves se fait par les notes et les bulletins scolaires adressés aux parents font apparaître la meilleure note et la moins bonne d’une classe par matière.
On peut bien sûr contester ce système qui tend à valoriser un mode d’apprentissage collectif. Chaque être humain possède un registre sensoriel.
Exemple
On peut être visuel, auditif ou kinesthésique. Des enseignants sont formés à le repérer et proposer des méthodes adaptées pour réviser à la maison. Dans l’Education Nationale, les classes surchargées ne permettent pas une individualisation de l’enseignement.
Les parents sont souvent inquiets légitimement. En effet, le discours des enseignants est négatif sur le travail fourni et sur les conséquences de leur future scolarité.
Il faut d’ailleurs comprendre la souffrance que représente un conseil de classe quand l’élève est considéré comme un paresseux ou un “je-m’en-foutiste”.
J’ai moi-même fait les frais avec ma propre fille de remarques particulièrement dévalorisantes des enseignants qui prononcent une sanction définitive sur les capacités intellectuelles de l’élève et son avenir professionnel.
Heureusement, les “prédictions” de ce prof n’ont pas été vérifiées puisqu’elle a obtenu la moyenne au baccalauréat alors qu’elle ne dépassait pas 4/20 en seconde.
Pourtant, certains élèves qui ont des résultats plutôt médiocres jusqu’au bac, réussissent très bien leurs études supérieures. J’ai ainsi des exemples qui deviennent major de promotion. A l’inverse, des élèves brillants abandonnent leur cycle en première année d’université et entrent rapidement dans la vie active.
Le manque de confiance et d’estime de soi
Quand on désigne un élève en échec scolaire avec des appréciations comme “aucun travail, Léo n’apprend pas ses leçons, dort en classe, manque de concentration”, il est bien difficile d’avoir confiance en soi et une image positive. Le bonnet d’âne n’existe plus dans les écoles mais en réalité, les moqueries persistent.
Nous avons tous connu des copains qui faisaient le pitre et disaient se moquer des notes. Par expérience, je me suis rendue compte que bien souvent une attitude désinvolte cache une souffrance.
L’enfant fait ainsi mine de ne pas être affecté mais quel être humain aime être le dernier d’un groupe, désigné comme incapable d’apprendre ce que les autres enregistrent facilement ?
L’aspect émotionnel est peu pris en compte dans le milieu scolaire. Cependant, la peur, la honte, la tristesse, le sentiment d’être différent, poussent certains enfants ou adolescents à se considérer comme stupide. Ce fut le cas d’un élève de terminale que j’ai reçu pendant une année afin de l’accompagner de manière individuelle. J’avais en effet une fonction de tutrice des élèves.
L’histoire de Thomas
Au bout de quelques semaines après la rentrée de septembre, Thomas ne vient presque plus en cours. Malgré les appels de la vie scolaire aux parents, il ne parvient plus à se lever le matin, à prendre son transport en commun et venir au lycée.
Je travaille alors dans un lycée privé qui privilégie les petits effectifs et la dimension humaine. Je l’appelle donc et lui propose un entretien le lundi suivant. Avant de raccrocher, je rajoute “c’est important pour moi que tu sois là”. Il se présente et me raconte un parcours chaotique.
Après deux échecs au bac, il pense ne pas être capable de l’obtenir, semble mal dans sa peau et résigné. Chaque semaine, même s’il est absent en cours, il vient parler avec moi de ses difficultés.
Mais très vite, il exprime son manque de confiance en lui, l’impact sur sa famille et de ses peurs pour l’avenir.
Je constate que c’est un garçon très intelligent, qui est sensible et à des réflexions pertinentes. Plus le temps passe, plus il semble retrouver le sourire et il participe plus activement aux cours. A la fin de l’année scolaire, même si ce n’était pas l’objectif premier pour moi, il réussit son bac et s’inscrit en BTS.
J’avais déjà conscience de l’importance d’une écoute neutre et bienveillante et cela a participé à mon désir d’accompagner les enfants et les adolescents individuellement.
Quelles solutions envisager pour remédier aux difficultés scolaires ?
Qu’il s’agisse d’un stress à l’école, d’un décrochage scolaire ou d’une phobie, des solutions existent. Peu de thérapeutes se chargent des enfants et des adolescents. Le pédopsychiatre peut vous orienter vers un psychologue.
Un diagnostic chez l’orthophoniste peut révéler une dyslexie, dysorthographie, dyscalculie et parfois des tests montrent un haut potentiel intellectuel (HPI) associé à un échec scolaire. J’ai regardé l’interview de Franck Gastambide intitulée, la revanche du cancre qui illustre ce parcours.
Cela peut paraître paradoxal mais les statistiques prouvent une corrélation. Les modes d’enseignement ne tiennent pas compte de l’écart qui existe entre le développement intellectuel précoce et le développement émotionnel.
Ces enfants sont à la fois perfectionnistes et très lucides sur les limites de leurs connaissances. Ils se laissent ainsi envahir par la peur de l’échec. Leur pensée est rapide, intuitive. De plus, ils raisonnent par association d’idées, en arborescence. Ils imitent le comportement des autres élèves pour être dans le moule et font parfois semblant d’ignorer ce qu’ils savent sans l’avoir appris. Les enseignants sont alors déroutés et peu formés à cette particularité.
En conclusion
Des solutions existent. Les difficultés que traverse un enfant ou un adolescent sont certes difficiles mais rien n’est irrémédiable. Rassurer l’élève, ses parents, écouter, valoriser l’expression des émotions font partie des plus belles expériences de mon métier. De belles transformations sont possibles.
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Bravo pour cet article. Je reconnais mon fils a travers tes mots qui lui aussi est en échec scolaire malgré tout le travail fournit,Les profs et leurs réflexions désobligeantes . Il est multi dys décelé très tôt car je m’en suis occupé heureusement il a trouvé sa voie grâce à son stage de 3eme . Merci beaucoup pour ce partage. BYSTEPHANI