Texte la mercerie

Jeanne allait souvent avec sa mère dans ces boutiques mystérieuses lorsqu’elle était enfant. Il fallait descendre une marche pour arriver au paradis. La mercerie était sombre mais offrait la fraîcheur nécessaire en été pour retrouver ses esprits et plonger dans les couleurs rafraîchissantes des tissus et des fils, disposés dans un joyeux capharnaüm. La propriétaire, une blonde pimpante aux gestes affirmés se dirigeait tout droit vers la bonne fermeture éclair ou la pelote de laine en commande, remisée dans l’arrière boutique dans un petit sachet où le nom de sa mère était inscrit au feutre vert. « Elle est arrivée » rassurait immédiatement l’intéressée qui attendait patiemment depuis des semaines la fameuse dernière pelote qui lui manquait. Le papier se défroissait émettant un bruit doux et la désirée apparaissait ce qui provoquait chez la mère de Jeanne un soupir de soulagement. Il y avait toujours autre chose à découvrir. La blonde pimpante dans son jean rose ne tardait pas à ajouter « je viens de recevoir une nouvelle collection de boutons absolument magnifique ». Elle sortait une boîte en apparence simple et en l’ouvrant la boutique s’éclairait d’une lueur particulière, les reflets nacrés et dorés des boutons se mettaient à danser comme des lucioles en été et Jeanne était enivrée. En sortant, elle titubait légèrement et sa mère lui disait « avant de rentrer on va passer à la droguerie ».

Marguerite

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